Zarathoustra se tenait devant la foule, son regard embrassant les visages tendus, les cœurs lourds d’interrogations et les esprits chargés de désirs vains. Il parlait de la vie comme d’une grande œuvre à tisser, une toile à la fois fragile et immortelle, formée de fils tendus entre le ciel et la terre.
Mais avant qu’il ne puisse poursuivre, un jeune homme s’avança. Ses vêtements étaient ceux d’un bâtisseur du monde moderne, mais son visage portait les marques du doute et de l’inquiétude.
« Maître », dit-il, « j’ai quitté la foule et je viens à toi. Je suis un entrepreneur, mais mon cœur vacille. Les affaires sont un monde impitoyable, et je ne sais plus quels fils tisser, ni par où commencer. Parle-moi, toi qui as vu bien des toiles se former et se déchirer ».
Zarathoustra, interrompu mais non irrité, considéra le jeune homme, et dans ses yeux brilla la flamme de celui qui voit l’avenir à travers le présent.
« Ô vénérable sage, s’écria de nouveau le jeune et impatient entrepreneur des temps modernes, on me répète souvent : Feins le bon comme le mauvais s’il le faut et fais semblant jusqu’à ce que tu y arrives. Dis-moi, toi qui connais le chaos et l’ordre, est-ce là une voie ou une impasse ? ».
Et le jeune entrepreneur repartit, empli d’une lumière nouvelle. Derrière lui, Zarathoustra, le regard tourné vers les montagnes, murmurait pour lui-même : L’homme est un bâtisseur, et sa grandeur réside dans sa capacité à tisser, défaire, et tisser à nouveau.