J’ai découvert David Lynch à la fin des années 90, grâce à un vieux coffret VHS de la première saison de Twin Peaks. Honnêtement, je m’attendais à une série policière classique, un truc sympa mais sans surprise. Et là, boum ! Dès les premières minutes, je me suis pris une grosse claque. L’ambiance étrange, les personnages barrés, cette musique envoûtante… Je ne comprenais rien, mais j’étais accro. Lynch avait ce don de t’embarquer dans un univers où tout semblait familier, et en même temps complètement bizarre. C’est là que tout a commencé pour moi, une passion pour ses films comme Blue Velvet et Mulholland Drive, des œuvres qui te laissent toujours un peu sonné, mais jamais indifférent.
Le 15 janvier dernier, David Lynch nous a quittés à 78 ans, et avec lui, c’est un monument du cinéma qui s’en va. Sérieusement, qui va remplacer ce type qui transformait l’étrange en art ? Certainement pas les superhéros en lycra multicolore qui squattent nos écrans en ce moment. Lynch, c’était l’antithèse de tout ça : il ne cherchait pas à faire plaisir à tout le monde, mais à créer des expériences uniques, brutes et inoubliables. Chaque film, c’était comme une plongée dans l’inconnu, parfois dérangeante, souvent hypnotique, mais toujours fascinante. Et maintenant qu’il n’est plus là, on se demande qui osera encore nous perdre dans des labyrinthes aussi délirants.
Mais ce n’est pas pour parler de son cinéma que je vous écris aujourd’hui. Sa disparition m’a surtout rappelé qu’à côté de ses films et séries, j’avais un autre bijou signé Lynch dans ma bibliothèque : son livre Catching the Big Fish. Un ovni littéraire, évidemment, qui parle de méditation, de conscience et de créativité, avec son style unique. En gros, c’est un peu comme s’il te donnait accès à son cerveau – une sorte de manuel pour comprendre comment il allait pêcher ses idées les plus folles dans les profondeurs de son esprit. C’est aussi captivant que ses films, mais beaucoup moins stressant que d’entrer dans la Loge Noire.
J’ai parlé d’aller « pêcher ses idées » parce que c’est littéralement la formule préférée de Lynch, et elle figure même dans le titre de son bouquin : Catching the Big Fish (en anglais, ça claque toujours un peu plus). Dans ce livre, Lynch explique que les idées, ce sont comme des poissons qui nagent quelque part sous la surface de notre esprit. Les petites idées, elles sont là, pas très loin, faciles à attraper, mais pas forcément très intéressantes. Les grosses idées, celles qui valent vraiment le coup, elles, nagent dans les profondeurs. Et pour les attraper, il faut plonger, se poser, et attendre qu’elles mordent à l’hameçon.
Pour Lynch, la créativité, c’est comme une partie de pêche : ça demande de la patience, de l’attention, et un esprit clair. Il compare ça à un lac, où plus l’eau est calme et transparente, plus on peut voir les gros poissons qui passent. Et pour calmer l’eau, lui, il utilise la méditation transcendantale. Ça lui permet de descendre dans ces profondeurs mentales où les plus belles idées se cachent. Une fois qu’il en attrape une, il la remonte à la surface et la transforme, petit à petit, en un film, une peinture ou une série.
Au lieu de pondre une note de synthèse indigeste sur son bouquin – ce qui risquerait, soyons honnêtes, de travestir ses idées profondes et étrangement belles – je me suis dit qu’il serait bien plus intéressant (et plus fun) de partager avec vous une vidéo où le maître lui-même explique sa théorie de la conscience et de la créativité. Tout ça, bien sûr, ancré dans la méditation transcendantale qu’il pratiquait et prônait avec une passion contagieuse (et pas de panique, pas besoin d’être un adepte – Lynch n’est pas un gourou). Voilà, c’est ma façon de rendre hommage à David Lynch. Ses films et ses écrits m’ont énormément inspiré, et même si ce texte n’a pas la prétention d’être grandiose, il est écrit avec beaucoup de sincérité et une profonde gratitude.